Selon une étude Ipsos de novembre 2005, quatre français sur 10 ont été « souvent » choqués par des publicités qui montraient ou utilisaient la « femme objet ». L’utilisation de la vulgarité a heurté un tiers des personnes interrogées. Ces chiffres montrent à quel point les français sont sensibles aux campagnes publicitaires.
Toujours d’après la même enquête, la publicité est l’un des supports qui choque le moins souvent les plus jeunes (seulement 9% des moins de 35 ans disent l’être par ce qu’elle montre ou dit). Ils sont en revanche plus critiques vis-à-vis de nouveaux supports comme les émissions de téléréalité (36% se disent souvent choqués) et les couvertures de journaux ou de magazine de presse people (14%).
Les femmes affirment plus souvent avoir été choquées par une publicité utilisant la femme objet (46% contre 31% pour les hommes) ou encore la vulgarité (38% contre 30%). De la même façon, les plus âgés affichent aussi une sensibilité bien plus importante, que ce soit pour la femme objet (41% contre 34% pour les moins de 35 ans) ou encore la vulgarité (40% contre 23% pour les moins de 35 ans).
La femme est ainsi une stratégie publicitaire à part entière.
La femme, consommatrice principale du ménage, va s’identifier au personnage. Ainsi les mannequins sont souvent utilisés car ils incarnent ce que la femme voudrait être. Le message de ces pubs est : si vous voulez être ainsi ou si vous l’êtes déjà c’est ce produit que vous devez consommer.
L’homme lui, sera séduit d’un point de vue esthétique par la femme utilisée comme argument de vente. Les publicités sont, pour la plupart, conçues en lien avec l’imaginaire et les fantasmes masculins. La « femme produit » est utilisée dans un panel de publicité conséquent alors que le sujet n’a pas de rapport, il y a une inadéquation entre le produit et l’image, on parle alors de « femme-objet ».
La société française et les événements d’émancipation de la femme, longtemps considérée comme inférieure à l’homme, ont été suivis par les publicitaires au cours des 50 dernières années.
On peut distinguer 5 modèles de la femme vue par les publicitaires entre 1960 et 2000 :
- 1960’s : La ménagère. Une femme n’est accomplie que dans sa maison. La fierté de la femme s’exprime par la propreté de son logis.
- 1970’s : La militante. Avec la libération de la femme en mai 68, dorénavant elle se bat pour disposer de son corps et avoir des droits.
- 1980’s : La superwoman : la femme ayant obtenu ses droits, veut montrer ses compétences professionnelles et sa capacité à être sur tous les fronts.
- 1990’s : Recherche d’équilibre. Les femmes aspirent moins à être les premières partout, elles aspirent plutôt à un équilibre viable.
- 2000’s : La femme sexy et féminine. C’est à partir de ces années là, que l’on réussi à banaliser la sexualité et la violence dans les pubs. La femme est souvent montrée dénudée et glamour.
On voit apparaître à la fin des années 90, une nouvelle vague publicitaire, nommée « porno chic ». Dans la foulée de la stratégie provocatrice de Benetton, les grandes marques prestigieuses rajeunissent leur image en « injectant » dans leurs pubs des valeurs sexuellement agressives et provocantes. Shari Graydon, une ancienne présidente d’Évaluation-médias, affirme que « les femmes deviennent des objets sexuels à partir du moment où leur corps et leur sexualité sont associés à des marchandises ». Ceci a pour résultat de banaliser la sexualité et de la ramener au rang de produit de consommation.
Si la femme est la principale stratégie publicitaire, les publicités qui s’adressent à un public masculin exploitent principalement l’axe de la virilité. Cependant, l’homme-objet et l’idiot occuperaient une place grandissante aux côtés des personnages virils.
Selon Luc Dupont, chargé de cours à l’Université Laval et auteur de livres sur la publicité, certaines publicités de parfums et de vêtements, par exemple, présenteraient des hommes dans des poses sexuellement suggestives dans le but d’attirer le regard des consommatrices. « Si par le passé on ne retenait que le corps de la femme pour agrémenter la publicité, l’image utilise aujourd’hui le corps de l’homme aux mêmes fins », affirme-t-il.
On peut ainsi parler de sexisme dans la publicité. Cependant, la réglementation et un dispositif pas commun en France d’auto-régulation encadrent et régulent les pratiques des publicitaires.